
Les OVNIs au rendez-vous du calcul
Préface au livre OVNI: le premier dossier complet des rencontres rapprochées en France de Michel Figuet et Jean-Louis Ruchon, éditions Alain Lefeuvre, 1979
«Ce qui est a été, ce qui fut sera»
(L’Ecclésiaste)

La vision que les savants se faisaient de l’univers s’est trouvée changée, ces temps derniers (j’écris en juillet 1978), par des faits nouveaux de grande portée philosophique.
À ces faits nouveaux, tirant leur sens de leur emboîtement l’un dans l’autre, seuls quelques spécialistes ont jusqu’ici réfléchi sérieusement.
Il y a d’abord la découverte que la présence de planètes autour des étoiles semble être un fait général, et leur absence une exception.
On pensait jusqu’ici que des systèmes planétaires apparaissaient seulement autour des étoiles simples de même famille que le Soleil, et à partir d’un certain stade d’évolution (vers le point F dans la série d’états successifs appelés O, B, A, F. G, K, M).
En réalité, on a trouvé des corps obscurs autour de presque toutes les étoiles où on les a cherchés. Des mesures datant des premiers mois de 1978 montrent qu’il suffit d’affiner les moyens de détection, pour déceler la présence de ces corps obscurs là où l’on croyait qu’il n’y avait rien.
Donc, quoique les astronomes ne puissent encore savoir directement si la vie est très fréquente sur ces dizaines de milliards de planètes, du moins connaissent-ils leur existence.
D’autre part, ils ont établi la présence universelle, dans l’espace interstellaire, des acides aminés, qui sont, comme on le sait, les matériaux constitutifs de la matière vivante, et du méthane où se forment ces acides aminés.
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Il y a seulement une dizaine d’années, la question de savoir si la vie prend naissance là où elle trouve un milieu favorable, semblait avoir un sens précis. Les progrès de la biologie moléculaire ont aussi changé ce tableau.
En réalité, l’évolution qui aboutit aux premiers êtres vivants est une mécanique très complexe qui commence, dans l’espace, des milliards d’années avant l’apparition des êtres organisés sur la surface des planètes. Nous avons une preuve unique, mais excellente, que l’évolution prébiotique dans l’espace et l’évolution biologique dans le milieu planétaire, forment un processus unique, continu: c’est la Terre elle-même, où les premiers êtres vivants ont laissé leurs traces dans les roches les plus anciennes, dès l’origine de la planète. Si la vie est apparue sans attendre sur la Terre, c’est que son apparition résulte d’une loi, non du hasard.
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La vie organisée exige une condition stricte: un milieu où l’eau soit présente sous forme liquide. Mais la disposition des planètes autour de l’étoile centrale telle que nous l’observons dans notre système planétaire et aussi dans le système des satellites de Jupiter et de Saturne, montre que dans tout système il y a des planètes trop proches de l’étoile (comme Mercure et Vénus), d’autres trop éloignées (Mars et au-delà), et, sur le nombre, une bonne probabilité que l’une au moins ait des océans. Autour du Soleil, c’est la Terre qui occupe cette position.
Les fossiles les plus anciens sont le témoignage palpable et observable à loisir que les êtres organisés apparaissent dès que se forme l’océan primitif, et qu’ils poursuivent ensuite lentement, mais toujours dans la même direction, l’évolution commencée dans l’espace bien avant la formation de l’étoile et de ses planètes.
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Les fossiles témoignent aussi, par millions et à travers toute l’histoire de la terre jusqu’à nous, que la vie, une fois apparue, ne cesse d’évoluer vers une complexité morphologique croissante et des performances de comportement elles aussi croissantes. L’idée philosophique d’«hominisation», proposée par Huxley et Teilhard de Chardin, n’est en réalité qu’une illusion de perspective de la pensée humaine, illusion qui perd son apparente clarté dès qu’on cherche à la formuler avec précision.
En revanche, la complexité morphologique peut être évaluée en unités d’information. De même le comportement peut s’exprimer sous forme de programme, d’algorithme[1].
Les lignées évolutives que l’on peut suivre, étape par étape, sur les fossiles, sont très nombreuses et attestent que tout évolue vers une complexité croissante; et l’étude des comportements animaux que la complexité morphologique se traduit en complexité des comportements[2].
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Sur l’apparition de l’homme aussi, les idées se sont récemment précisées. Il n’y a pas de «miracle», au sens statistique, de l’apparition de l’homme. Le miracle, si l’on veut le voir, est global, il est dans la machine infiniment organisée qui va de la particule à l’homme.
Les fossiles humains montrent, en effet, que l’homme (ou si l’on préfère, l’être possesseur d’une pensée égale à la nôtre) était inscrit dans la complexification croissante des fossiles.
Une preuve simple en est que cet être est en réalité apparu plusieurs fois: l’homme de Neandertal, que l’on a longtemps pris pour un de nos ancêtres, n’appartient pas à notre lignée. Nous ne descendons pas de lui. Cependant, cet être maîtrisait le feu, taillait habilement ses outils, ensevelissait ses morts et méditait sur leur survie, puisqu’il déposait, dans leur tombe, des fleurs et de la nourriture pour le grand voyage de l’au-delà.
Bien avant Neandertal, il y a quelques millions d’années, les fossiles humanoïdes sont si divers que le nombre des lignées séparées n’est pas encore déterminable. Ces êtres, qui étaient presque des hommes et qui tous évoluaient vers une équivalence de l’homme, appartenaient à des espèces différentes, dont une seule s’est propagée jusqu’à ce jour en aboutissant à nous…
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J’ai dit plus haut que ces découvertes récentes s’emboîtent. Elles s’assemblent, en effet, en une construction théorique qui, comme toute théorie scientifique valable, aboutit à des prédictions.
Voyons la théorie, qui fait en ce moment l’objet d’une discussion suivie dans les revues astronomiques[3].
S’il est vrai que la vie est apparue et a évolué dans l’espace en un nombre de lieux qui se chiffre par milliards ou dizaine de milliards selon les auteurs — notre seule Galaxie comptant cent à deux cents milliards d’étoiles —, comme une majorité de ces étoiles sont plus anciennes que la nôtre (le Soleil), la vie intelligente doit exister à foison dans l’univers, souvent plus avancée que nous. Voilà la théorie qu’il faut vérifier.
Il est intéressant de voir les auteurs diverger dans leur discussion, mais aussi d’identifier la source de leurs divergences.
Pour l’astronome anglais M. H. HART, l’argument doit être pris à rebours: s’il existait, dans l’espace, des civilisations plus avancées que la nôtre, elles auraient colonisé la nôtre; or, il n’en est rien; donc aucune civilisation n’est plus avancée que la nôtre[4].
HART souligne le fait que nous sommes nous-mêmes sur le point de partir coloniser les étoiles (je reviendrai plus loin sur ce point).
Donc, le fait que nous ne soyons colonisés par personne prouve que personne, nulle part, n’est plus avancé que nous.
À cela, un autre astronome anglais, L. J. Cox, répond dans le volume suivant de la même revue astronomique[5] que si le nombre de civilisations avancées n’est pas très grand, elles ne nous ont peut-être simplement pas encore trouvé.
Ou bien, disent (séparément) Bracewell et Ball, peut-être la «colonisation» n’est-elle qu’un comportement humain rétrograde: des civilisations plus avancées se borneraient à nous surveiller de loin sans intervenir, peut-être à l’aide d’engins cachés quelque part dans le système solaire (dont nous ne connaissons qu’une infime partie, et dont l’exploration complète équivaut à chercher une aiguille dans la paille), idée connue sous le nom de «théorie du zoo»: «on» nous surveille, mais de loin, sans intervenir, et par des moyens indiscernables, supposition rejetée par HART comme invérifiable: l’accepter revient à renoncer à toute recherche scientifique. Mais faut-il rejeter une idée plausible parce qu’on n’a pas encore trouvé le moyen de la vérifier?
Ici, HART avance et rejette une autre hypothèse: toutes les théories précédentes cherchent à expliquer pourquoi «ils ne sont pas là». Mais, dit-il, il y a une alternative: c’est qu’ils sont là, seulement nous ne les reconnaissons pas. HART donne à cette réponse le nom d’«Hypothèse OVNI», et la repousse aussitôt d’un argument habilement hypocrite: «Puisque, dit-il, très peu d’astronomes croient que les OVNIs sont des engins extraterrestres, «ce n’est pas à moi de dire mes propres raisons de rejeter cette hypothèse», façon diplomatique de dire à ses collègues: «votre problème s’explique très bien si l’on admet l’hypothèse OVNI, mais vous la rejetez; débrouillez-vous donc pour expliquer l’inexplicable» (l’inexplicable, précisons bien, n’est pas l’étrangeté des OVNIs, mais l’absence de toute manifestation visible de la vie intelligente universelle prévue par la théorie).
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La discussion prend ensuite un autre tour. En 1977, D. W. SCHWARTZMAN remarque que la seule réponse cohérente au problème posé par l’«emboîtement» consiste à admettre que «the U.F.O.s are of E.T.I. origin», que les OVNIs sont ces manifestations de l’intelligence Extra-Terrestre prévues par la théorie. Tout rentre alors dans l’ordre, sauf qu’il reste à expliquer pourquoi cette intelligence extérieure n’entre pas en contact ouvert avec l’espèce humaine[6]. Pourquoi jouent-ils à cache-cache avec nous?
Réponse de SCHWARTZMAN (que pour ma part je trouve très impressionnante): si l’on considère l’extrême brièveté de l’époque séparant les débuts d’une science évoluée (correspondant sur terre, disons, à l’invention des télécommunications radio) et les premiers pas dans l’espace et l’énergie atomique, si donc l’on compare la brièveté de cette époque de quelques dizaines d’années aux milliards d’années de l’évolution cosmologique, notre stade historique actuel dans l’univers est quelque chose d’excessivement bref, comme l’éclat d’une étincelle dans l’immensité de la Galaxie.
Donc, dit SCHWARTZMAN, nous sommes peut-être quelque chose d’unique en ce moment dans la Galaxie.
Dans ce cas, ne pourrait-il exister une éthique particulière de la pensée galactique à l’égard d’un épisode si rare, si bref, si précieux? Un peu comme notre propre attitude à l’égard de l’enfantement et de la naissance?
Cette dernière question, c’est moi qui la pose, et je pense avoir trouvé un indice frappant qu’il en est bien ainsi.
Notons qu’il n’est toujours pas question d’OVNIs dans cette réflexion, mais de l’interprétation des récents progrès de l’astronomie, de la biologie moléculaire et de la paléontologie, et que la réflexion est en cours dans les revues techniques citées en note.
Donc, un autre fait s’est produit récemment qui, selon moi, rend urgent le besoin d’une interprétation correcte. Il est urgent, car, comme on va le voir, il se pourrait bien que l’avenir de la race humaine se trouve prochainement en balance, joué pour ainsi dire à pile ou face, et perdu si nous nous trompons.
Ce fait nouveau, c’est la nature des projets spatiaux qui vont succéder à ceux de la N.A.S.A. La N.A.S.A. avait des programmes qu’elle est en train d’achever. Parmi ses projets terminaux, il y a la Navette spatiale. Comme on le sait, la Navette est un engin qui vole dans l’atmosphère, sort dans l’espace et revient au sol par ses propres moyens. Son objectif proche est de permettre la liaison permanente des satellites de grandes dimensions qui, du coup, pourront croître, devenir des stations permanentes, de vraies petites villes.
Vers le début des années 70, un physicien américain très connu, Gérard O’NEIL (professeur à Princeton et inventeur de l’anneau de stockage des particules accélérées qui permet l’étude des hautes énergies) fut frappé par l’idée poétique que la terre est un vaisseau spatial.
Réfléchissant aux difficultés croissantes des expériences de physique, qui si souvent requièrent le vide et seraient plus faciles en milieu d’apesanteur, il acquit la conviction que le milieu naturel d’une civilisation technologique avancée n’est pas une surface planétaire, mais bien l’espace extérieur.
O’NEIL est le Von BRAUN du deuxième âge de l’astronautique. Von BRAUN voulait la Lune — il l’eut — O’NEIL, veut être l’initiateur de la Grande Diaspora de l’espèce humaine dans l’espace. Il a cinquante ans, une vitalité de pionnier, un enthousiasme irrésistible, une compétence d’organisateur et d’inventeur qui ne recule devant aucun problème. En quelques années, il s’est entouré de nombreux collaborateurs de toutes disciplines et, au moment où j’écris, il a pu montrer que:
1) Nous en savons dès maintenant assez pour construire dans l’espace, en certains lieux appelés «points de Lagrange», des colonies autonomes peuplées — selon l’argent qu’on y met — de 500, 5’000, 200’000, ou même deux millions d’êtres humains.
2) En un temps très court (de 15 à 30 ans, toujours selon le travail investi), ces colonies au peuplement permanent deviendraient non seulement bénéficiaires, mais, pour l’humanité, source d’enrichissement inépuisable[7].
3) Plus tard, certaines de ces colonies pourraient s’éloigner définitivement de la Terre, aller se multiplier d’étoile en étoile et de génération en génération.
Un calcul ne tenant compte que de nos moyens actuels montre que la Galaxie tout entière serait colonisée en un temps compris entre un et dix millions d’années, simple ordre d’idées, mais d’importance capitale pour boucher un trou de la construction théorique élaborée par les astronomes dont il est ici question.
Avant de poursuivre, que l’on me permette de rappeler quelques faits à ceux qui, peut-être, seraient tentés de prendre O’NEIL et ses collaborateurs pour des plaisantins (sans parler de la Navette qui est le premier stade de leurs projets): il y a seulement quarante ans, aucune des grandes réalisations de notre temps n’était prévisible, ni même imaginable: ni l’ordinateur, ni le laser, ni l’énergie nucléaire; l’astronautique était encore qualifiée de rêve d’ignorant par l’astronome Royal d’Angleterre en octobre 1957, quelques jours avant le lancement du premier Spoutnik; il y a moins de cent ans, Jules VERNE décrivait, dans une de ses nouvelles, une «journée de l’an 3000» remplie d’inventions délirantes, réalisées en moins de cent ans et qui toutes ont maintenant un air rétro, cent ans après, non 3000!
Les esprits littéraires ont tendance à sous-estimer la technologie, quitte ensuite à jouer les moralistes devant les situations qu’ils ont refusé d’envisager.
Revenons à ces un ou dix millions d’années que prendrait la colonisation totale de la Galaxie avec nos moyens actuels[8]. Un premier surcroît de précisions peut être apporté ici à la théorie: il est certain qu’une telle colonisation n’a pas eu lieu, puisque la Terre nous appartient et que nous n’avons jamais vu de «cités de l’espace» dans les parages de la Terre. Cela peut s’interpréter de plusieurs façons:
a) L’espace est vide et nous sommes seuls (mais toutes les probabilités vont contre cette supposition).
b) Les plus anciennes «civilisations» de l’espace n’ont pas dix millions d’années d’âge (invraisemblable si la vie existe ailleurs, puisque des milliards d’étoiles avaient déjà notre âge il y a des milliards d’années).
c) Aucune de ces civilisations n’a entrepris la colonisation de l’espace (aucune, alors que nous nous apprêtons à le faire?).
d) La colonisation «à la O’NEIL» est impossible pour une ou des raisons inconnues.
Mais quelles raisons, puisque tous les problèmes techniques semblent résolus?
Sans doute le sont-ils. Mais peut-on croire qu’une civilisation technologique ayant enfin conquis son vrai milieu, l’espace, cesse soudain d’évoluer? Les fossiles ne nous montrent-ils pas, au contraire, que toute conquête d’un milieu nouveau (l’air libre pour les amphibies, le vol par les reptiles, les oiseaux, les mammifères, etc.) donne naissance à une nouvelle explosion évolutive? Cette analogie (qui est plus qu’une analogie) se confirme du reste sous nos yeux: l’évolution technologique ne cesse d’accélérer, tendance qui, elle-même, ne pourra que s’accentuer quand la technologie aura trouvé son vrai milieu, «l’espace», comme le dit O’NEIL.
Mais rappelons-nous: «ce qui est a été» — À moins que nos connaissances soient fausses sur quelque point capital, d’autres civilisations commençaient leur expansion explosive dans l’espace il y a des milliards d’années. Ce que peut être le «milieu psychique» qu’elles ont développé échappe complètement à notre imagination et à nos calculs.
Il faut donc préciser ainsi la prédiction théorique examinée dans ces pages: toute manifestation du «milieu psychique cosmologique» présenterait des caractères incompréhensibles, apparemment miraculeux, voire surnaturels, puisque l’homme du XXe siècle se berce encore de l’illusion que ce qui dépasse sa raison ne saurait être que surnaturel[9].
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Le contact ouvert avec le milieu psychique cosmologique supposé par l’«emboîtement», confronterait donc l’humanité à des situations qui nous paraîtraient irrémédiablement surnaturelles.
C’est un fait d’observation que ce contact ouvert n’existe pas.
Si nous acceptons les données de la science et l’emboîtement où elles s’insèrent comme les pièces d’un puzzle, nous devons interpréter l’absence du contact comme un fait expérimental. Nous devons aussi admettre que s’interroger sur les motifs de ce refus de contact ouvert, est une question en soi contradictoire, puisqu’elle suppose à la fois l’existence d’un milieu psychique trans-rationnel et notre aptitude à comprendre ses «motifs», si le mot motif garde ici un sens, si même quelque espèce de mot garde un sens. Comment comprendrions-nous des «motifs» qui dépassent la raison humaine?
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Remarquons que le contact ouvert avec un milieu psychique incommensurable à nos limites ne pourrait avoir d’autre effet que notre domestication par ce milieu. Ce qui donne à penser, peut-être infiniment, mais là encore passons.
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En revanche, comment devrait nous apparaître un contact limité à des situations fugitives et superficielles?
L’information ne pourrait pas nous en venir de la science, qui par nature ne peut connaître que du rationnel.
D’où alors? Vers quelles sources se tourner pour, éventuellement, y trouver le type d’événements qui, par nature aussi, seraient imprévisibles (sinon ils tomberaient dans le cadre de la science), irrationnels, incompréhensibles, insaisissables, fantastiques?
Vers les témoins de ces faits — témoins dont on doit aussi annoncer à l’avance que les récits seront incroyables et toujours rebelles à la démonstration directe (sinon ce serait le contact ouvert, précisément évité pour des «raisons» qui ne sont pas les nôtres).
Cette information apparaîtrait donc, à première vue, comme une rumeur, avec une seule différence: en remontant la filière de la rumeur proprement dite on découvre son inconsistance, l’inexistence de ce qu’elle rapporte, l’inexistence du témoin premier direct (on ne va jamais plus loin que celui qui connaît celui qui connaît, etc.: c’est la définition même de la rumeur); alors qu’ici l’on trouverait sans peine le témoin direct rapportant son récit invraisemblable.
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Le lecteur va maintenant prendre une connaissance directe de la rumeur des OVNIs. Cette rumeur est rapportée ici telle qu’elle sort de la bouche des témoins, à l’état brut peut-on dire, recueillie textuellement par ces spécialistes de la rumeur que sont les journalistes.
Les savants, de leur côté, ont étudié cette rumeur dans un certain nombre de cas choisis pour leur solidité et leur caractère de haute étrangeté[10]. Ils ont, avec les moyens les plus raffinés de toutes les disciplines, approfondi l’étude des circonstances où ces cas se sont produits (pour la dizaine de cas étudiés le rapport remplit plus de mille pages).
Ils ont abouti à la conclusion que la rumeur est fondée, que ce n’est pas une rumeur au sens habituel.
Cela étant, voici donc ce que disent les témoins, non plus dans une dizaine de cas, mais dans six cents.
Voici en quoi consiste l’OVNI qui, pour des raisons qui nous échappent, s’est mis à ronronner dans la tête de l’humanité tout entière un jour du mois de juillet 1947.
Les seuls cas français connus sont rapportés. Mais la «rumeur» est la même partout, y compris (par exemple) chez les Papous où elle a été recueillie par les missionnaires de l’Église Anglicane.
La voici, sans commentaires, avec les références de chaque cas et quelques statistiques.
Voici le problème tel qu’il se pose en 1978 — tel en fait qu’il s’offre à notre réflexion depuis trois dizaines d’années, mais confronté aux connaissances scientifiques toutes récentes que je viens de résumer.
Chacun y trouvera sa conclusion, ou bien des arguments pour nourrir sa perplexité. Chacun, pièces en mains, pourra évaluer la vraisemblance que ces récits de témoins ne provenant pas de la science (quoique, les sondages le prouvent, les savants soient aussi souvent témoins que le commun des mortels, proportionnellement à leur nombre) correspondent ou non aux manifestations d’une intelligence cosmique telles que la science en prévoit la probabilité.
Le travail de MM. FIGUET et RUCHON est honnête: chacun peut, s’il le désire, remonter à la source, retrouver le témoin. Ils n’ont rien inventé.
Les auteurs spécialisés connaissent tous ces cas qui sont, pour la première fois, présentés au public dans leur masse et sans commentaires.
La seule lacune de ce travail considérable fait elle-même partie du phénomène: on sait par les sondages que la plupart des témoins ne disent rien et demeurent inconnus.
Au lecteur maintenant de réfléchir. Au lecteur de décider s’ils ont tort ou raison, les chercheurs qui pensent, depuis longtemps, que l’intrusion des OVNIs dans l’aventure humaine est un événement aussi important que l’invention de la science ou la maîtrise du feu.
Et selon moi, bien plus.■
Aimé Michel
Notes:
[1] Bien entendu, l’informatique actuelle est encore bien loin d’égaler même les comportements les plus simples des êtres vivants. Mais Von Neumann et ses successeurs ont précisé les lois générales de l’autoreproduction et même de la production d’entités plus complexes.
[2] II y a des exceptions apparentes: les termites, insectes relativement primitifs, ont des comportements très évolués; mais chaque insecte de la termitière agit en fait comme la cellule d’un corps très complexe: la complexité morphologique est dans la termitière.
[3] Icarus (la revue américaine d’études planétaires), Science, Nature, le Quaterly Journal of the Royal Astronomical Society, etc., et les comptes rendus de nombreux congrès consacrés à cette question.
[4] M. H. HART: An Explanation for the Absence of Extra-terrestrial on Earth, Quaterly Journal of the Royal Astronomical Society, vol 16, pp. 126-135, 1975.
[5] Je n’alourdirai pas cette préface par d’innombrables références. Le lecteur intéressé les trouvera aisément lui-même.
[6] Mais voir plus loin.
[7] Le détail des projets d’O’NEIL est déjà largement vulgarisé et discuté Outre-Atlantique (Space Colonies, livre collectif, Penguin Books. 1977). II est curieux que les objections les plus vives soient religieuses et métaphysiques, comme au temps des querelles de Copernic et de Galilée. Ceci est hors de notre sujet. Voir la traduction d’un livre d’O’NEIL: Les Villes de l’Espace (Robert Laffont).
[8] Avant O’NEIL, Stephen DOLE avait abouti à un chiffre semblable (Stephen DOLE: Habitable Planets for man, Blaisdell, New York, 1964).
[9] Je me borne à saluer, en passant, cette idée, ultime résidu pré-copernicien où se complaisent encore (sans y penser) toutes nos philosophies. Remarquons la contradiction implicite du concept de raison: «Tout ce qui existe est rationnel et tout ce qui est rationnel existe», nous affirme HEGEL. D’où tient-il cette révélation? Comment la démontrerait-il sans cercle vicieux?
[10] Il s’agit du Rapport rédigé à la demande du gouvernement français sous la direction de M. Claude POHER par une nombreuse équipe de savants du Centre National d’Études Spatiales et d’autres organismes, rapport déposé en juin 1978 et concluant à la véracité d’une dizaine de témoignages étudiés et à leur caractère inexplicable.
Nous nous permettons de préciser l’adresse du GEPAN: Centre National d’Études Spatiales/Groupe d’Étude des Phénomènes Aérospatiaux Non Identifiés (C.N.E.S./G.E.P.A.N.), Centre Spatial de Toulouse — 18, avenue Édouard Belin, 31055 Toulouse Cedex.