Le chat est-il un animal domestique?

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Le chat est-il un animal domestique?

Revue La Vie des Bêtes, n°92 de mars 1966

 

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Je l’aperçus pour la première fois, le temps d’un éclair, un certain crépuscule d’automne. Dans la tache lumineuse déployée sur la terrasse et le jardin par la lampe tout juste allumée, il surgit de l’ombre au pied d’un noyer, s’arrêta un instant les yeux clignés vers nous puis, brusquement, disparut d’un bond.

C’était un petit chat gris, de cette espèce que l’on appelle avec mépris chat de gouttière, bien qu’il s’agisse, tout simplement, du chat européen de pure race. Tant il est vrai que l’on ne sait apprécier que ce qu’on n’a pas. Pendant la brève seconde où son regard doré s’était posé sur nous, je l’avais reconnu, ce regard, et tout ce qu’il exprimait, pour l’avoir maintes fois scruté chez les chats de mon enfance: douceur, soif d’amour, mystérieuse nostalgie, anxiété, insatisfaction, inquiétude émotive, je ne sais si les amis des chats seront d’accord avec moi, mais voilà ce que j’ai toujours lu ou cru lire dans les yeux du chat non encore apprivoisé rôdant autour des maisons au moment des premiers frimas. Et c’est pour avoir tant de fois interprété cette insatisfaction comme un reproche que je veux aujourd’hui proposer quelques réflexions sur le chat entre la jungle et l’homme, et raconter l’histoire de mon petit chat gris. Il avait disparu dans l’ombre, son refuge, et nous ne le revîmes pas ce soir-là, ni le soir suivant. À d’imperceptibles indices: envol d’oiseaux, glissements insolites, la nuit, dans le grenier à claire-voie… nous devinions sa présence, mais elle était aussi discrète que celle d’un fantôme domestique… Connaissant cette façon de procéder, je jurais aux enfants que le petit chat gris aux yeux d’or ne tarderait pas à se montrer de nouveau. Ils le cherchèrent en vain dans les prés, les haies et les bosquets des environs. Il était invisible.

Ce fut encore un soir, à la nuit, que nous le revîmes, toujours dans la grande tache de lumière ouverte sur la terrasse et le jardin. Mais cette fois il ne se borna pas à jeter un coup d’œil sur la fenêtre illuminée. Il se jucha sur une pierre, et s’y accroupit, faisant la boule, tourné vers nous, les paupières à demi closes dans la posture qu’ils prennent tous pour indiquer qu’ils attendent et que leur patience est infinie. Nous nous glissâmes, pour l’observer mieux, derrière la fenêtre, dans une chambre voisine.

Il était là, à quatre pas de nous, immobile comme une statue, le regard tourné vers la lumière des hommes comme vers le souverain refuge, d’autant plus émouvant qu’il ne soupçonnait pas notre présence.

— Pourquoi reste-t-il là? dit la petite fille.

— Parce qu’il voudrait entrer.

— Mais alors, il faut lui ouvrir!

— Si tu ouvres, il s’enfuira.

— Il s’enfuira? Pourquoi, s’il a envie d’entrer?

— Parce que sa peur est encore plus grande que son désir d’entrer.

— Oh non, je suis sûre qu’il n’a pas peur. Regardez comme il est calme, comme il est immobile et doux. Je vais ouvrir tout doucement, sans me montrer, et il viendra.

Je ne le quittais pas des yeux tandis qu’elle manœuvrait doucement le fléau de la fenêtre. Mais déjà, en la voyant apparaître sous la lampe, il s’était dressé soudain — la fine fente de ses yeux s’était agrandie d’un coup. Au milieu de l’iris d’or, la prunelle arrondie exprimait la panique. Et pourtant, il ne s’enfuit pas aussitôt. Il avait peur, il était épouvanté, mais il voulait voir d’abord. Il s’accorda deux secondes, le corps déjà à moitié tourné vers le large puis, d’un bond, détala.

— C’est donc vrai qu’il a peur, dit la petite fille, déçue. Mais pourquoi? Je ne le menaçais pas, je le regardais en souriant. II aurait dû comprendre que je ne lui voulais pas de mal. Je lui expliquais qu’il ne faut jamais regarder les bêtes dans les yeux, que cela les intimide et les effraie, et lui racontais l’histoire de ce zoopsychologue qui réussit, il y a quelques années, à vivre plusieurs semaines avec une tribu d’énormes et féroces gorilles, partageant leur nourriture et leurs jeux au prix de cette seule précaution, ajoutant que, d’ailleurs, même si elle s’était abstenue de le regarder, il ne s’en serait pas moins enfui.

Il n’y a qu’un moyen de l’apprivoiser: c’est de lui donner à manger.

Ce que nous fîmes au cours des semaines suivantes, en déposant une gamelle, d’abord sur la pierre qu’il avait choisie comme observatoire, puis dans un garage dont la porte était percée d’une chatière et où il s’habitua à notre bruit, enfin sur le bord de la fenêtre qui l’avait d’abord fasciné. Et là, nous procédâmes avec quelque machiavélisme. Quand il se trouvait très occupé à manger (non d’ailleurs sans rester aux aguets), je m’approchais doucement de lui de l’autre côté de la vitre. Il interrompait alors son repas, les oreilles couchées, montrant les crocs et jurant si je tendais la main. Les premières fois que je me livrais à ce manège, il s’enfuit, mais de moins en moins loin à mesure qu’il découvrait l’inexistence de tout danger. Finalement, il se borna à poser sur ma main tendue immobile, un regard indécis, exprimant un dernier reste de crainte par le mouvement de ses oreilles tendues vers le moindre bruit. Et quand enfin il eut compris que cette main était la même qui apportait la providentielle gamelle et qu’elle était bienveillante, c’est alors que se déroula l’épisode vraiment pathétique de cette histoire d’un chat très ordinaire, comme il y en a quelques millions en France.

J’avais eu jusque-là le temps de l’observer à loisir à travers la vitre. C’était un petit animal menu de sept à huit mois, encore trop chaton dans son corps pour accuser le moindre signe de son sexe, et cependant sorti depuis longtemps, par suite de périls quotidiens affrontés dans la vie sauvage, des jeux de l’enfance.

(Photo Atlas)

J’avais pendu des ficelles provocantes au-dessus de ses divers postes familiers. J’avais laissé rouler des balles de ping-pong, j’avais essayé tous les divers et infaillibles moyens d’éveiller le goût du jeu chez le jeune chat apprivoisé. Mais quoique ces moyens fussent infaillibles, ils n’avaient rien donné. Mon malheureux petit sauvageon n’avait sans doute jamais joué de sa vie depuis la mésaventure inconnue qui l’avait jeté probablement très tôt, dans la vie sauvage. Il semblait même ne pas savoir ce que c’était que le jeu. Il suivait la balle de ping-pong d’un regard indifférent, et quand la ficelle venait à lui chatouiller l’oreille, il tentait, sans bouger d’une ligne d’en chasser le contact par le simple déclic dont la nature a doté tant d’oreilles animales offertes à l’importunité des mouches. Malgré ses allures juvéniles, le petit chat gris avait la maturité d’un vieux matou et cet air revenu de tout ce que l’on voit indifféremment aux vieux débauchés et aux petits lazzaroni affamés des rues de Naples. Il ne semblait intéressé que par la gamelle.

Du moins, je l’ai dit, en fût-il ainsi jusqu’à ce qu’il eut compris que cette main qui le faisait manger appartenait à quelqu’un, que ce n’était pas seulement un objet, qu’à l’autre bout de ce membre il y avait un corps, sur ce corps une tête, et que cette tête le regardait et lui parlait. M’accusera-t-on d’anthropomorphisme? dira-t-on que je prête à une bête des retournements psychologiques qui sont le propre de l’homme et que tout cela n’est qu’illusion? Eh bien, soit, du moins pour l’anthropomorphisme. Je suis, en effet, convaincu que les comportements expressifs des animaux tels que les étudient des savants comme Lorenz, Hediger, Tinbergen, sont vraiment des comportements expressifs, qu’ils expriment quelque chose, et que ce quelque chose est tout bêtement ce que l’on croit au premier abord, c’est-à-dire une authentique conscience d’être, animée et parfois bouleversée par d’authentiques sentiments.

La pitié humaine oblige

Mais, trêve d’incertaine philosophie. Voici comment la chose se passa avec mon petit chat de gouttière. Un jour qu’il mangeait dans sa gamelle à dix centimètres de la vitre le séparant de moi, il leva les yeux pour me regarder, me fixa pendant quelques secondes, replongea son nez dans la soupe, me regarda de nouveau, se remit à manger et recommença trois ou quatre fois le même manège, mais à chaque fois, mangeant un peu moins et me regardant un peu plus. Et finalement il renonça à manger, abandonna sa gamelle et vint se frotter à la vitre tout contre mes doigts tendus. Stupéfait, je penchais mon visage vers lui. Il eut un recul, cracha un peu, attendit un moment sans me lâcher des yeux, revint avec mille précautions vers la vitre, et cette fois je l’entendis qui ronronnait.

Il ronronnait, pressé contre la paroi de verre, et cependant mort de peur, car il tremblait sur ses pattes. Et ses yeux dorés, où jusqu’alors je n’avais vu que la glace impitoyable de la jungle, me regardaient avec adoration, la fente de la pupille à peine visible, avec ce je ne sais quoi de légèrement plissé dans la paupière que l’on voit aux yeux des chattes surveillant des yeux les jeux de leurs chatons.

Que messieurs les esprits forts, toujours prêts à tenir les bêtes pour des machines et à les traiter en conséquence, veuillent bien m’excuser. Ils appellent rationalisme cette façon de voir qui n’est, en fait, qu’ignorance de la nature. Ne leur en déplaise, je tiens, moi, ce rationalisme-là pour un défi à la science, et j’ai la simplicité de croire que les hommes de science ont une vue plus exacte de la nature que les idéologues à système installés une fois pour toutes dans leurs confortables lubies. Le sentiment des bêtes, leur souffrance, leur amour, tout cela, nous disent-ils, vous y pensez surtout pour éviter de penser à la souffrance des hommes. Vous vous attendrissez sur le chien ou le chat parce qu’il en coûterait trop à votre égoïsme de vous attendrir sur les hommes. La larme sur le chienchien ne coûte rien. La pitié humaine oblige. Elle entraîne une morale, et une morale difficile, exigeante.

Tout cela, combien de fois l’avons-nous lu ou entendu de gens qu’agace tout sentiment de fraternité à l’égard des bêtes? Seulement, voyez: vous ne trouverez pas un seul homme véritablement fraternel à l’égard des hommes qui ne le soit aussi à l’égard des bêtes. Vous en trouverez, certes, oui, qui passent leur vie à proclamer leur tendresse et leur pitié et qui penchent à longueur de livre leurs nobles âmes sur le sort du malheureux. Mais quelle est leur morale réelle, celle qu’ils pratiquent dans la vie courante avec leurs proches? Et je n’oublie pas derrière la vitre mon petit chat tendu vers moi comme vers son dieu inconnu, son dieu terrifiant et tutélaire, désiré et redouté. Non, je ne l’oublie pas. J’ai dit que ses yeux exprimaient l’adoration et je prétends que cet anthropomorphisme était là parfaitement justifié. Soudain, dans cette âme animale, j’avais vu et compris le déclenchement de quelque chose d’éperdu, de prodigieux, de quelque chose de semblable à ce que l’homme éprouve lorsqu’il tombe à genoux. L’anthropomorphisme n’est nullement ici une illusion, mais bien un moyen de comprendre à travers quelque chose qui nous est familier, ce qui se passe au plus profond d’un être ne disposant pas, pour communiquer avec nous, de la parole. Ce petit chat qui, jusqu’alors n’avait rien fait d’autre que combattre pour survivre, que se méfier, qu’assouvir sa faim et échapper à celle d’autrui, tout à coup, en lapant une gamelle, un éclair avait traversé l’obscurité de sa conscience animale: là, derrière cette vitre, était un être immense, puissant, capable de lui nuire, et qui non seulement ne lui nuisait pas mais lui donnait pour rien ce qu’il ne trouvait ailleurs qu’au prix de mille périls, la nourriture. Et du même coup le chaton revenu de tout retrouvait devant cet être énigmatique les gestes oubliés de l’enfance: il essayait de se frotter à lui comme à sa mère, il ronronnait, il faisait le dos rond. Il avait faim, il avait peur. Mais pour un instant il ne songeait plus ni à manger ni à fuir. Les instincts animaux les plus puissants cédèrent pour un moment la place à l’amour.

Je voulus voir jusqu’où irait ce sentiment subit. Sans bruit, je poussai le fléau de la fenêtre, l’ouvris doucement et tendis vers lui ma main. Il eut un recul, et le ronron cessa sur-le-champ. Les oreilles, couchées, la gueule menaçante, il cracha et gronda. Je ne bougeais pas. Sans le regarder dans les yeux, je me mis à lui parler doucement. Il cessa bientôt de gronder, ses oreilles se redressèrent, ses pupilles devinrent moins noires. J’avançai lentement la main vers lui. Son regard, dont je suivais le mouvement du coin de l’œil, allait de ma main à mon visage. Il ne grondait plus, ne bougeait plus, mais je devinais ses muscles tendus, prêts au bond. Quand enfin je touchai son dos, il cracha une fois encore, quoique toujours sans bouger. Son dos maigre tremblait de terreur dans ma main, mais quelque chose dans ses yeux me dit que j’avais gagné. Et, en effet, sans cesser de trembler, il se remit à ronronner.

Cinq minutes plus tard, je faisais de lui à peu près ce que je voulais, sauf lui toucher les oreilles (on sait que les matous, dans leurs combats, se déchirent les oreilles, seuls appendices fragiles de l’anatomie féline) — je pus constater qu’il avait oublié jusqu’aux caresses maternelles, pourtant si proches encore, et qu’il les redécouvrait avec une espèce de volupté anxieuse. Quelques semaines plus tard, le hasard d’une conversation m’apprenait qu’il avait été volontairement abandonné dans la forêt voisine peu après la fonte des neiges du dernier printemps par un voisin déjà couvert de chats, et qui avait voulu, selon son expression, lui laisser sa chance: le chat n’est-il pas un animal sauvage? Ne sait-il pas fort bien se débrouiller dans la nature? Aussi, plutôt que de le tuer, l’avait-il rendu à la jungle.

Mais rendu à la jungle à l’âge tendre, le petit chat de gouttières était revenu vers les hommes au bout de quelques mois. La lumière d’une fenêtre avait fasciné cet œil prétendument sauvage comme elle aurait fait d’un papillon. Comme elle aurait fait surtout d’un homme, égaré comme le petit chat dans la forêt.

Ils ne désirent pas la liberté

Il m’est arrivé, dans cette revue, de soutenir que le chat n’est pas un animal domestique. Les si subtiles et si profondes analyses de Lorenz m’avaient convaincu de cette idée qui, il faut en convenir, explique bien des choses. Il est vrai, certes que le chat s’attache à la maison de son maître au moins autant (et généralement plus) qu’à son maître. Il est vrai aussi que l’attachement du chat à son maître ne semble pas être personnel, que le maître n’est pour lui que le repère le plus intéressant de son territoire, et qu’en définitive nous ne sommes pour nos chats qu’une espèce de borne, de phare, de balise facile à reconnaître; la marque assurée de leur propriété. Le matou le plus familier à la maison vous fuit comme un étranger s’il vous rencontre au loin dans la campagne. Oui, tout cela est vrai. Mais ce n’est qu’une partie de la vérité. Car qu’est-ce en vérité, un animal domestique? Nous nous en tenons trop facilement à l’idée qu’il faudrait donner ce nom aux bêtes ne sachant vivre et se perpétuer sans nous, parce que nous les avons, par l’élevage, créées pour nous, et le donner à elles seules, sans penser que les parasites propres à l’espèce humaine entrent aussi dans une telle définition. Sans penser surtout que la plus haute domestication animale, celle qui a donné le chien, a agi beaucoup plus sur la pensée de l’animal que sur la création d’une dépendance physique à notre égard.

Beaucoup de chiens pourraient physiquement vivre sans nous, tout au moins dans une nature moins sophistiquée que celle du XXe siècle. Mais ils n’en ont aucune envie.

Et les chats, il faut bien le dire, non plus. L’univers psychologique du chat comporte la présence de l’homme, irrémédiablement. Rien n’empêchait le mien de mener dans la forêt proche une existence sans problème, plantureusement fournie en gibier, à l’abri de tout péril (puisque le renard ne grimpe pas aux arbres). Mais il avait besoin d’autre chose. De quelque chose qui n’était pas une nourriture du corps, mais… dirai-je, du cœur? de l’esprit? La langue ici nous fait défaut: ces mots sont excessifs, et parce que nous n’avons pas l’habitude de nous soucier de pensée animale, il n’en existe point d’autre.

Il avait besoin d’une présence intelligente et tendre, de jeux, de caresses, de tout le tissu de rapports qui fait l’agrément de la vie sociale. Maintenant que le voilà installé chez moi, il vient se frotter contre ma jambe même s’il n’a pas faim, ou bien quand il voit pendre une ficelle, il fait mine de lui découvrir un intérêt extrême et s’efforce de m’entraîner au jeu avec lui.

Allons plus au fond. Les chats vieux de quatre mille ans, dont on découvre les momies dans les tombeaux égyptiens (où ils accompagnaient parfois leur maître), ont un museau plus long, un crâne moins rond, ils sont, par rapport à nos chats, comme nos chats sont à leurs chatons, dont le museau est encore plus court et le crâne plus rond que celui de l’adulte actuel. Il y a eu, depuis le chat égyptien, une sorte de régression de l’adulte vers les formes juvéniles, et cette transformation porte un nom bien connu des biologistes, c’est la néoténie. Soulignons bien qu’il s’agit d’une variation spécifique. Cela n’a rien à voir avec l’évolution! Notre chat moderne jouit, en quelque sorte, toute sa vie d’une enfance prolongée. Pourquoi s’est-il ainsi transformé?? Mais la réponse à cette question n’est-elle pas évidente? Si notre chat domestique garde toute sa vie d’indéniables traits juvéniles, c’est parce que depuis quatre mille ans, nous jouons avec lui, et que ses rapports avec nous, même à l’âge adulte, sont ceux du chaton avec sa mère. Les vieux matous qui gardent toujours entre eux une gravité sénatoriale, qui jamais ne jouent, jamais ne se caressent, perdent avec leur maître cette réserve d’adulte.

Et de tels comportements ne sont possibles que parce que le cerveau du chat domestique n’est plus le cerveau du chat sauvage. La domestication a modifié son caractère d’une façon indélébile, et ce caractère se transmet désormais de génération en génération.

Voilà pourquoi l’abandon d’un chat est un abus de confiance et une lâcheté. Nous avons inscrit dans son corps le besoin qu’il a de nous. Il n’est plus en notre pouvoir de l’effacer pour notre bon plaisir. L’abandonner, c’est créer en lui la plus déchirante des nostalgies, celle de l’amour: mieux vaut encore le tuer. Et que ceux qui trouvent cette nostalgie risible chez un chat rient leur saoul. Nous savons, nous, que le mépris des bêtes conduit tôt à celui des hommes.

Aimé Michel

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